
Corde est un trio lillois qui a des particularités et des richesses. Pour les premières, on pourra citer le violon de Maxime, la maîtrise des instruments électroniques de Nim, le goût des formats un peu plus rock et l’amour des sonorités folk. Les richesses sont les expériences combinées des membres du groupe, croisés dans les formations régionales N-Naos (electro asian beat) et surtout Gumma (rock français) et Polyandres (folk rock) pour moi. La combinaison de tout ça donne un premier album electro folk pas commun, aux ambiances changeantes et à la personnalité marquante, qui capitalise sur le parcours musical de ses créateurs. Attention cependant ; je me dois de prévenir le voyageur curieux qu’ici, il ne trouvera point une electro folk au kilomètre, proprette et bien élevée, sorte de pendant electro à un Yann Tiersen (sans rien enlever aux morceaux de bravoure de celui-ci). « Corde », l’album, est bien plus retors et fuyant que ça ; il s’abreuve à toutes les sources de l’electro, du big beat au dub en passant par l’ambiant, l’electronica, l’electro world et autres. Si les dix titres du disque sont certes portés par le violon, son pouvoir évocateur et sa mélancolie naturelle, la musique qui l’accompagne est donc susceptible de diviser les auditeurs, jouant sur la complémentarité des sons, et cherchant même parfois le décalage entre les deux univers, le point de rupture, histoire de s’arrêter juste avant. Mais attention, à trop vouloir tirer sur la corde… En tout cas, on ne peut pas reprocher à Corde de jouer les marins d’eau douce ; il y a une réelle intention / attention artistique, un souhait réalisé de proposer une œuvre exigeante et complexe, dont on ne parvient pas à faire le tour en une écoute. C’est tout à l’honneur du trio, qu’on sent capable d’atténuer ses coups de folie pour proposer quelque chose de moins texturé et plus digeste, mais qui n’en a tout simplement pas envie. Osé !