CLIPPING. : There existed an addiction to blood

Créer quelque chose de nouveau et intéressant en territoire rap, c’est bien plus difficile qu’il n’y paraît. Il y a quelques années, je m’extasiais sur le talent naissant de Saul Wiliams, depuis largement confirmé. Celui-ci donnait ses lettres de noblesses au slam, transcendant les mots par une créativité musicale débridée. Aujourd’hui, c’est Clipping. qui prend le relais. Bon, soyons clairs ; le trio angelino est largement plus raide et expérimental que le génie précédemment cité. Ici, on ne se contente pas de flirter avec des genres et sonorités généralement sous-représentés dans le hip-hop, on se mélange avec eux. Comme son titre l’indique, ce disque peut faire peur. C’est bien à l’horreur qu’il fait référence, en lardant ses titres de noise, d’indus, d’expérimental, d’une noirceur electronique qui épouse parfaitement (ou le contraire ?) le flow maîtrisé et délicieusement élastique de Daveed Diggs. Ces gars sont fous, c’est officiel. Et « There existed an addiction to blood » est une épreuve. En tant que tel, il pourrait bien repousser une bonne partie de ceux qui voudraient bien lui donner une chance. Sa signature chez Sub Pop n’est d’ailleurs pas un hasard ; Clipping, c’est un peu du hip-hop pour ceux qui ne se retrouvent pas dans le hip-hop. Et même comme ça, l’écoute intégrale de ce troisième album du projet peut être éreintante. Mais il renferme pourtant d’excellents moments, comme « Nothing is safe », « La mala ordina » ou « Club down ». Uppercut.

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