
Chrome Canyon est le projet d’un certain Morgan Z, compositeur de musique électronique œuvrant du côté de Los Angeles. Un garçon qui m’a l’air d’être bien occupé par ailleurs, puisque « Director » est seulement son deuxième opus, et que celui-ci nous parvient 10 ans après le premier. Ah, c’est qu’on aime bien faire les choses apparemment chez monsieur Z. Parce que, oui, « Director » est plutôt impressionnant pour le coup. Comment le définir ? On vous le vendra certainement comme un disque de synth wave, mais il est à la fois bien plus subtil et profond que ça. L’intéressé le présente comme la bande originale d’un film imaginaire (d’où son titre), et on ne peut que le suivre sur ce terrain. Alors oui, les sonorités sont assez typées, et utilisées dans une période où le revival eighties est hype, on peut vite faire l’amalgame. Mais ici les titres sont probablement plus structurés, progressifs, scénographiés qu’ailleurs. Le compositeur a créé, conçu les dix titres de ce disque comme des évocations, des retranscriptions d’expériences personnelles ou des réinterprétations de ressentis face à d’autres œuvres classiques (ou considérées comme telle par Z) de la musique de film. Le résultat est certes assez rétro-futuriste, mais évite les jump scares trop faciles et les rythmiques immédiates et immédiatement oubliées, et amène parfois des éléments qu’on attendait pas (le chant choral sur « Flatworld » évoque plus le « Ederlezi » de Bregovic qu’un titre de Goblin). « Director » va certainement passer sous les radars de nombreuses personnes, mais ce serait pourtant bien dommage, car qu’on apprécie l’electro synth ambiant ou la musique de film, il mérite vraiment qu’on s’y penche !