Quand on vieillit, on ne comprend pas toujours les plus jeunes, c’est un fait. Il y a à ça plusieurs façons de réagir ; 1/ la peur et la fuite 2/ l’intérêt et la discussion 3/ l’incompréhension fascinée. Aujourd’hui, on va expérimenter celle-ci, tiens. Averti de la folie de cet autoproclamé « boy’s band » par un contact-tête chercheuse de génie, je me prends l’introductif « Heat » en pleine poire. Et paf, clafouti. Une basse synthétique bien grasse, un feeling très Wu-Tang première période (on est pas loin de l’uppercut de « Bring da ruckus » et de l’hystérie du regretté ODB). Et puis « Gold » déboule, beaucoup plus posée et mellow, mais tout aussi agréable. « Star » repart faire un tour du côté obscur, « Boys » nous fait le coup du refrain entêtant en diable, c’est presque un sans faute. « 2Pac » fait redescendre la pression, un peu trop d’ailleurs, mais après un intermède, la cool « Fake » relance la machine avec une nonchalance presque énervante et une touche féminine bienvenue. Ce côté « jeune branleur », c’est ce qui peut provoquer le rejet chez l’auditeur. Le groupe en use et en abuse, c’est même sa marque de fabrique. Oh, bien sûr, il fait preuve d’une habileté certaine pour accoucher de gimmicks percutants, d’ingéniosité pour le placement de voix (ils sont sept à se partager le micro, ça ouvre des possibilités). Mais ce « Saturation » ne me convainc pas complètement ; j’aime son côté trap, sombre, un peu dingue, mais ses aspects les plus légers et poppy ont tendance à éveiller ma narcolepsie, sauf peut-être le final « Waste » qui me rappelle le Lenny Kravitz de « Stand by my woman ». Bref, Brockhampton a un potentiel de dingue qu’il noie un peu trop dans le miel pour mon goût. Reste que les réussites de ce disque éclipsent pour moi ses défauts, opportunément concentrés sur sa deuxième partie. A suivre…
Brockhampton : Heat
Brockhampton : Star
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