Wow. Quand on se permet de rayer les tympans de ses auditeurs avec une intro bien noisy (« Woundsignal »), c’est qu’on est plutôt sûr de les accrocher par la suite… ou totalement inconscient. Alors dans quelle catégorie classer Black Magnet, héritier de Godflesh et Ministry venu perpétuer le metal industriel frontal et groovy ? Et bien, la féroce « Endless » nous met sur la piste de la première hypothèse. Pourtant, cette déferlante de décibels et de brutalité manque un peu de subtilité et de créativité à mon goût (mais c’est un reproche que je fais volontiers aussi à Ministry). « Better than love » montre un travail plus intéressant sur la structure. Le rythme de « Spitting glass » sonne un peu plus nineties, plus EBM, mais le titre regagne vite ses pénates dans le chaos. C’est clair, il faut s’accrocher pour tenir la distance ici, et nombreux sont ceux qui abandonneront l’écoute en cours devant le côté radical de l’entreprise. Comme s’il nous avait entendu, « Coming back again » amorce un pas vers plus de mélodie. Un seul hein, faut pas pousser non plus, mais c’est assez pour le rendre bien plus digeste. « Null + void » aurait clairement pu être la face B d’un « Cake and sodomy ». « Night tripping » se fait un peu plus lancinante (mais tout aussi courte). « Birth » est le titre le plus long de l’album avec ses presque cinq minutes : on pourrait s’attendre à quelque chose de plus lourd et posé, mais à peine ; il y a juste plus de respirations. Enfin, « Smokeskreen » termine l’album comme il a commencé ; par un titre direct au riff qui tourne en boucle et égratigne l’auditeur avec un plaisir sadique non dissimulé. Est-ce que j’ai kiffé « Megamantra » ? Non. J’y trouve de très bonnes idées, une régularité certaine, un groove omniprésent, mais je ne parviens pas à me faufiler entre les interstices pour trouver le truc qui me fait vibrer. Mais je comprendrais très bien que la puissance et l’intransigeance de Black Magnet plaisent à d’autres.
