
J’avais fait la connaissance d’Azam Ali, américaine née en Iran, en 2006 à l’occasion de la sortie de son deuxième album « Elyzium for the brave », qui déjà à l’époque mêlangeait influences world music et electro, unissant l’orient, l’occident et les mondes intérieurs. On ne peut pas être partout, et donc j’ai complètement perdu l’artiste de vue, et je la retrouve presque 20 ans plus tard… avec le sixième. Ce qui est dingue, c’est qu’on a pas l’impression que la dame aie pris une ride, ni physiquement, ni vocalement, ni presque musicalement. Presque ? Naan, je ne veux pas dire que sa musique aujourd’hui sonne datée ou quoi que ce soit. Mais elle semble vraiment la suite logique de ce que j’ai connu (et non, j’ai pas une mémoire de pachyderme, je suis allé réécouter un peu l’album précité). Ce qui est notable aussi, c’est que les influences orientales se sont considérablement estompées au profit d’une electro-ambiant aux atmosphères prégnantes. Dès le morceau-titre, on sent s’installer une ambiance onirique, presque mystique (quelque chose qui traverse la carrière de la chanteuse). On perçoit aussi une forme de douceur, de fragilité, de sensualité dans la forme du chant. La pointe d’expérimentation sonore dans la musique et les motifs volontairement obsédants concourent également à faire du disque une expérience sensorielle unique, entre berceuse et mantra. Pas étonnant d’ailleurs de retrouver ici une reprise du « Song to the siren » de This Mortal Coil ; les deux ont un univers différent, mais une approche particulière, avec un usage de la voix comme instrument, des textures cotonneuses et cinématographiques. Car oui, « Synesthesia » a des moments très musique de film, et s’avère très « progressif » dans sa forme. C’est un disque aux titres qui se déploient et coulent comme des rivières, doucement, sans heurts, bercés par le vent, portés par la magie de la nature, sans qu’on comprenne vraiment complètement pourquoi. Un disque qui donne envie de se poser et de contempler cette eau, à la fois si différente de ce qu’on est et pourtant si essentielle, et qui nous fait miroir. Oui, oui, je suis parti loin là, ça sent les herbes de Provence… et bah même pas, je vous ouvre mon coeur, bande de p’tit(e)s ingrat(e)s !






