
Je me fous de passer pour un insensible ; quand j’ai reçu ce disque, j’ai eu un certain mouvement de recul. Parce que si le thème est louable et important, il reste plombant. Parce que ce type de projet m’évoque les band aid des années 80, les chansons des enfoirés… Et que ce n’est pas vraiment ce que j’attends de la musique, pour dire les choses avec tact. Et puis, aussi, le format chanson francophone… Enfin, bref. Est-ce un conte de fée que je vais vous asséner aujourd’hui ? Est-ce que toutes les craintes et mes aversions se sont envolées comme par magie à l’écoute de ce court disque ? Non. Mais j’avoue que je m’attendais à « autre chose », et que finalement, c’est pas si mal. Parce que sa forme changeante évite la redondance, ou du moins essaie. Parce que ça sonne plus « artistique » que « grand public », les artistes partant du postulat que le partage ne doit pas faire une croix sur une musicalité exigeante. Cool. « J’ai un volcan dans mon ventre », entre slam, poésie et trip hop, est une jolie intro. « We are one out of ten » sonne plus indie pop piano-driven, avec la mélancolie qui fonctionne bien sur votre serviteur. « Mon corps » est par contre le type de titre que je m’attendais à trouver, et s’avère plus longuet pour moi, avec sa pop folk douce. « Leurs ventres saignent » possède une forme musicale intéressante mais souffre à mon sens d’une diction trop articulée, qui sonne artificielle ; je peux comprendre que son but soit de privilégier la compréhension du texte, mais je trouve ça maladroit au final. « En te servant du thé » est un peu la surprise de l’étape, un slam impeccable porté par Edgar Sekloka, ancien comparse de Gael Faye. Enfin, « On nous a dit qu’c’était normal » est un rappel du premier titre, toujours sous une forme slam, à deux voix féminines cette fois, assez bien sentie. Comme quoi c’est pas grand-chose, 15 minutes dans une vie, mais ça peut suffire à mettre des mots sur des maux et mettre en lumière une maladie assez obscure.






