AVENUES & OCEANS : And the crows flew away


Que se passe-t-il dans le petit monde du rock progressif français ? Vu d’ici, j’avoue, pas grand-chose. Oui, ok, ce n’est pas forcément mon genre de prédilection. J’avais chroniqué le premier ep de l’artiste français derrière Avenues & Oceans. A l’époque, il œuvrait sous le nom de Distant Void et pratiquait un genre très proche d’Anathema dernière période, de l’univers de Bjorn Riis, de Porcupine Tree… Cinq ans plus tard, il est temps de voir comment ont évolué ses idées et sa musicalité. Premier constat, il a engrangé pas mal de matos, le bougre. Bah oui, avec sa durée qui confine à l’heure, “And the crows flew away” ne s’inscrit pas vraiment dans l’air du temps. Mais c’est une oeuvre personnelle, sortie en totale autonomie, et longuement travaillée à tous niveaux. Le musicien a enregistré, mixé, chanté et joué de tous les instruments, imaginé un concept, une historie, et a même appris le mixage et le mastering pour en faire une expérience totale. Un tel dévouement à son art est rare. Ouaaaais, mais bon, le résultat ? Et bien le résultat ne peut être résumé en deux mots expédiés vite fait comme je le fais parfois. Parce que le disque, au contraire de l’oeuvre précédente de Tristan, convoque bien plus d’influences et d’ambiances. Et donc, il est tout à fait concevable que les auditeurs n’accrochent pas du tout à un titre et en aiment vraiment un autre. Et je peux le dire parce que c’est (presque) mon cas. Oh, je n’ai pas de rejet particulier sur un passage ou un titre, mais je dois avouer que j’en préfère largement certains, et surtout ceux de la deuxième partie. Pas parce qu’ils sont plus ou moins rock, mais je trouve qu’ils jouent plus avec une tension dramatique, anticipant le dénouement de l’histoire. Et puis aussi, vous le savez, je suis plus sensible aux mélodies en mode mineur, les trucs un peu plus sombres. Et à ce niveau, on a pas forcément la même sensibilité. Avenues & Oceans préfère les émotions franches, les amples déploiements, ceci même s’il aime les nuancer en leur conférant des structures savantes et parfois expérimentales. Pourtant, j’ai apprécié le voyage ; le côté big (hard) rock ricain de « Tear me open, break me down », le synth wave soft de « Never let it go » (qui aurait gagné à être un peu plus chargée d’effets quand même) et « A shadow in the crowd », la très belle interlude « Migration », la plus pop « Wake up » et surtout le morceau-fleuve « Blossom through the winter » (15 minutes quand même) qui pour moi aurait même pu clore le disque tant il renferme de belles choses. Avenues & Oceans est donc le prolongement et l’évolution de l’univers de Tristan, montrant à la fois sa capacité à se renouveler et à créer une œuvre complexe et construite, d’un niveau de composition et d’interprétation pro. La prochaine étape décisive serait pour moi de parvenir à tenir tout ça dans un format plus concis et mis en valeur par une prod’ et des effets plus modernes, en prenant garde de ne pas dénaturer le propos. Est-ce qu’un accompagnement externe pourrait aider ce control freak ? Oui, s’il parvient à capter l’artiste dans toute sa complexité avant. En tout cas, sa courbe de production d’un projet à l’autre est telle que je suis persuadé que le meilleur est à venir. Parce que « And the crows flew away » est finalement beaucoup plus qu’un disque de rock progressif ; c’est un univers en expansion.

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