Février 2020. Pour moi, Afu-Ra est un membre honorable du rap game ricain. Je n’en connais pas grand-chose, hormis son album « Body of the life force », sorti en 2000 et présentant une affiliation avec Dj Muggs qui avait alors attiré mon attention. C’est maigre. Depuis, croisé de loin en loin, le New-Yorkais n’avait pas suscité en moi l’envie d’aller plus loin, surtout par méconnaissance et manque de temps, il faut bien l’avouer. Sauf qu’en février 2020 donc, on me soumet par groover le titre « Reign on me » (avec en featuring Mann, plus connu d’ailleurs pour ses featurings que ses albums). Et ce titre, aussi classique soit-il, est un putain de single à l’américaine, simple et catchy. Alors quand on me propose d’aller cette fois plus loin en chroniquant l’album, je dis oui. Ce sixième album marque un grand retour du rappeur, qui fait les choses en grand ici : un featuring par titre, et un clip chacun, tourné dans des pays différents. Voilà qui est alléchant. Parmi les invités, je repère la douée Keny Arkana, et je suis curieux d’écouter ce que la collaboration peut donner. Ce qui me fait peur en revanche, c’est l’hétérogénéité qu’un tel projet avec des invités si divers peut générer. Et très vite, je constate avec amertume que je suis dans le vrai. Pris un par un, les titres de ce disque sont loin d’être mauvais. Mais il y manque une unité, une logique. On est accueillis par une « Unstop » assez pompière mais un peu trop monolitique. Même si « Kiss the pain » est plus g-funk, et que ce n’est pas du tout mon goût d’habitude, elle possède plus de relief et s’avère au final plaisante. On arrive ensuite au titre avec Keny Arkana (et Big Shug), qui donne son nom à l’album. Un titre qui s’avère hélas assez plat, et au sein duquel les talents sont sous-exploités. Passée la très bonne « Reign on me », on arrive à une « Veni vidi vici » plus groovy et réussie. « War chemicals » vient mettre un peu de ragga dans nos vies avec un excellent titre. L’electro / r&b « Body’s jumping » tape également dans le mille. C’est avec un autre français, Taïro, qu’on poursuit le voyage. Le mélange des deux s’harmonise assez bien. Parmi les titres marquants par la suite, on pourra citer « Lyrics fly » avec Lord Kossity, « Firetricity » avec Sizzla, « Rise up » et sa mélodie chiptune. Verdict ? Le disque n’est pas la tuerie que j’attendais à l’écoute du single, mais se défend sur pas mal de points. Et qui montre aussi bien le gros répertoire que le vaste champ d’action d’Afu-Ra.
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