Il y a quelques temps (c’était il y a dix ans quand même), Kaleo, fraîchement débarqué de son islande natale, arrivait cette fois des Etats-Unis avec un tube improbable sous le bras, « Way down we go ». On y découvrait un groupe qui piochait à la fois dans le rock, la pop, l’electro et la folk, avec un chant très marqué, très personnel, et une sorte de gravité presque blues dans le ton. Pas vraiment le candidat pour caracoler en tête des charts. Et il ne l’a d’ailleurs pas fait longtemps. Mais il est resté dans ce grand pays d’adoption pour l’instant (ce n’est plus si hospitalier depuis quelques temps, n’est-ce pas ?) et il continue à produire un style qui n’appartient qu’à lui, porté par la voix toujours unique de Jökull Júlíusson. Le titre de ce quatrième album annonce le ton ; non, Kaleo n’a toujours pas décidé de se ranger et de proposer un style propret et lisse. Oui, il continue de faire parler les guitares, de prendre des chemins de traverses aux consonances soul / blues, de jouer avec nos émotions en posant des mélodies nostalgiques sur des thèmes impactants. Ici, on a la libre circulation des armes (pas comme ça que Kaleo jouera à la Maison Blanche), le fait de garder espoir malgré cette période sombre, le tumulte de nos vies… Le groupe n’oublie pas d’habiller tout ça avec des mélodies qui vous donnent envie de bouger ou au contraire de vous blottir sous la couette. Et les gars sont aussi doués d’un côté que de l’autre, c’est ce qui est frappant ici. Il est tellement facile de passer de la relative noirceur d’une « USA today » à la furie d’une « Rock n’ roller », puis de se laisser aller à la mélancolie avec « Run no more » qu’on ne lutte pas longtemps. On pourrait trouver ça un peu facile parfois, mais on ne peut pas nier que le groupe a son identité qu’il parvient à distiller et adapter à chaque tempo, et ça c’est pas mal. Au final, « Mixed emotions » montre encore toute l’étendue du talent de Kaleo.
