
Alexander Kraspo, petit prodige de l’electro russe, revient me titiller les tympans avec son style acide, assez sombre et assez sobre. Le rythme, c’est la base de sa musique. Pas besoin de jouer avec les BPM, de se la jouer plus frénétique ou plus original que les autres. Il le booste aux nappes de claviers, l’agrémente de quelques gimmicks bien sentis, et surtout ne le fait pas traîner en longueur. 12 titres, 37 minutes, c’est très raisonnable. L’an dernier, « Phenom » s’aventurait avec succès dans un univers assez science-fiction urbaine. « Dynamic », s’il conserve quelques séquelles du passé, tend vers quelque chose de plus déviant. Oh, on ne change pas du tout au tout, loin de là, mais on note vite que les mélodies sont moins évidentes, que Craspore tente autre chose. Peut-être pas avec autant de succès, certes ; les titres, qui sont ostensiblement moins mélodiquement forts, accrochent donc moins l’oreille… et l’attention. Il faut dire que sortir un nouveau projet un an après le précédent, c’est un peu court et un peu risqué, on a pas le temps d’avoir les idées claires. Je ne dis pas que « Dynamic » est un gouffre artistique, un échec cuisant. Il est même plutôt bon, mais juste moins calibré que son prédécesseur. Parfois, l’évolution artistique est à ce prix, et on ne peut que souhaiter à Craspore que ce chemin l’amène à un équilibre idéal entre le côté efficace qu’on lui connaît et cette envie de sortir de sa zone de confort.