Je ne sais pas depuis combien de temps ils rongent leur frein, ces tunisiens, mais arriver tranquillement avec sous le bras 90 minutes d’un style hybride entre doom, death et post metal, à forte consonance mystique (les œuvres d’Omination sont inspirées de relecture d’écrits chrétiens), il faut oser. Autant dire que « NGR » est copieux. S’il se propose d’annoncer l’Apocalypse, il y met également les moyens musicaux. Auparavant one-man band, Omination s’est adjoint les services de deux autres musiciens additionnels pour ce troisième opus. Ici, chaque pièce est une épopée, avec orchestrations grandioses, noirceur chevillée au corps, choeurs angéliques, orgue lugubre et ambiance cathédrale. Tout ça colle forcément parfaitement avec le style doom : lourdes nappes de claviers, chant typé funeral death doom, mid-tempo et riffs lancinants sont ici à leur place. Les titres sont assez étirés mais restent digestes. Bien sûr, s’enfiler tout l’album reste une épreuve et demande une implication en temps comme en concentration, mais il faut bien le reconnaître, cet album est exemplaire. Les riffs ont beau s’abattre sur nous avec fracas, accompagnés de percussions sourdes mais bien présentes, les fluctuations de chant et d’ambiances qui les jouxtent leur assurent un équilibre certain. On pourra noter dans la reprise doomisée de Skepticism « Nothing » qui clôt ce chapitre une petite baisse de tension et de qualité ; on sent que ce titre n’est pas du tout au niveau des autres en termes de qualité de composition, surtout placée après une pièce aussi ambitieuse, complexe et complète que « The new golgotha repvblik » et ses vingt minutes. « NGR » est le genre d’album sur lequel il faut revenir à plusieurs reprises pour le digérer complètement, mais ça ne m’empêche pas de le trouver impressionnant de créativité et de maîtrise, et finalement assez unique au sein d’un genre pourtant assez occupé. Tout au plus lui reprocherai-je sa longueur et la reprise que je trouve dispensable.
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