
Vous vous êtes déjà demandé comment sonnerait la musique de Sadako, le revenant cauchemardesque du film Ring ? Eh bien moi non plus, mais si je l’avais fait, il m’aurait fallu attendre 2024 et ce disque pour m’en faire une idée assez précise. « Chorion » n’est PAS pour toutes les oreilles. Pas parce qu’on trouve ici quoi que ce soit de metal, ou de foncièrement violent. Mais parce que la musique de la chinoise, également voix du duo Anémone, porte en elle quelque chose de foncièrement malsain et flippant. Entre musique électronique, expérimentale et musique de film, cet album, pas le premier de la dame, a tout d’une bande-son horrifique, que ce soit pour un film ou un jeu vidéo. La voix de Yiikii a quelque chose de presque enfantin, et elle tisse des mélodies qui ressemblent à des comptines. Oui, mais elle se retrouvent coincée entre des fracas noisy, des tintements, du glitch, des nappes déviantes, des drones, et au sein de structures sonores chaotiques et expérimentales aux motifs certes répétitifs, mais pas assez pour constituer des mélodies clairement identifiables et appréciables. Pour autant, ce disque a quelque chose d’obsédant, de fascinant dans son jusqu’au-boutisme horrifique. « Chorion » est une créature aussi insaisissable qu’effrayante, et il faut avoir une bonne dose de curiosité et de masochisme pour se l’infliger en toute connaissance de cause et sans effet de rejet. Mais il me faut bien reconnaitre que c’est un sacré boulot, que Yikii a incontestablement une personnalité unique et développe une musique à nulle autre pareille. C’est certain, on écoute pas et on écoutera pas ça tous les jours, à moins de vouloir fini cloîtré dans un placard à parler aux araignées de passage en attendant qu’un malheureux l’ouvre pour le dépecer vivant. Mais ça reste une rencontre passionnante, parce qu’il y a ici un vocabulaire musical qui s’apparente presque à la découverte d’une nouvelle civilisation. Étonnant !