on ne se rend pas forcément compte de l’impact de la société sur la musique, du poids qu’elle fait peser sur l’interprétation. En tout cas Sonia Sturino, chanteuse et guitariste de Weakened Friends, la ressentait jusqu’ici. Pourquoi « jusqu’ici » ? Parce que depuis peu, elle a accepté sa non-binarité et s’est depuis sentie libérée dans sa façon de chanter, ne ressentant plus le besoin de « féminiser » sa voix. Bon, de prime abord et sans connaître le passé musical du trio (soit deux autres albums et une paire d’ep), ça ne saute pas aux oreilles. La voix de Sonia, même si elle part régulièrement en trémolos et se permet quelques accès de rage, est tout de même assez féminine. Et elle colle en tout cas à 100 % avec la très bonne musique du groupe. Musique qu’on peut situer quelque part entre rock garage, rock alternatif et rock indé. Heureusement, le titre de l’album n’a rien à voir avec son contenu. Ou alors, peut-être juste pour la concurrence. Parce que dès que « Tough luck » débarque, on ne peut qu(être impressionné par ce sens de la mélodie, tant le refrain est redoutable. Et ce n’est pas un acte isolé. « Lightspeed », « Nosebleed », « NPC », « Smoke and mirrors », « Queen of town », et même la reprise du « Torns » popularisée par Natalie Imbruglia. Côté textes, Weakened Friends parle de s’extraire de la masse, du quotidien, d’oser s’exprimer et être soi-même. Et le titre évoque en fait la reconstruction de sa vie après le constat qu’elle est partie en baloche. Le groupe considère ce disque comme son meilleur, et je n’ai aucun mal à le concevoir, parce qu’il est vraiment très très bon. Comme quoi, le blocage créatif que Weakened Friends a avoué avoir subi après la sorti de son précédent album et la remise en question qui l’a suivi a eu du bon !
