Quinzième album pour la jolie rousse. Sa musique a toujours eu sur moi un léger pouvoir hypnotique, une aura magique. Il faut dire aussi que la relative noirceur de ses thèmes musicaux, son côté mystérieux et sa fantaisie ampoulée sont autant de petits cailloux sur la piste de mon adoration. Pourtant, j’ai toujours eu avec sa musique une relation compliquée, un « je t’aime – moi non plus » qui se répète à chaque rencontre. Sur ses albums, une partie me ravit, l’autre m’exaspère. Mais comme vous me voyez, je m’apprête à réessayer complètement, attiré comme un insecte par la lumière. La crépusculaire « Reindeer king » est assez typique de ce qui peut fonctionner sur moi. La mi-figue mi-raisin « Wings » ne me fait hélas pas le même effet. La groovy « Broken arrow » me désarçonne complètement, et pas dans le bon sens. On retrouve un feeling plus pop avec une « Cloud riders » pas mauvaise. Mais « Up the creek » reprend une couleur plus dansante, en incluant une partie electro, hum, originale. « Breakaway » renoue avec une pop sombre au piano, pour mon plus grand plaisir. « Wildwood » est une autre de ces pop songs dont la dame a le secret. « Chocolate song » est trop sucrée à mon goût, mais « Bang » l’éclipse totalement. Enfin, « Climb », « Bats », « Benjamin » et « Mary’s eyes » replongent dans la piano pop qu’on connaît bien. « Native invader » porte donc bien l’empreinte du Tori Amos classique, mais aussi une volonté d’évoluer, de se libérer d’un carcan qu’elle a certes contribué à façonner mais dont elle repousse les limites depuis des années. Bref, ce disque ne va pas me faire changer de position vis à vis de Tori Amos… pour le pire et le meilleur !