Gustavo et Jack Gonzalez grandissent dans l’atmosphère malsaine de Pico-Union, pourrie par la présence des gangs et de la violence qui les accompagne. Mais voilà, pour des latinos, dans les années 90 et particulièrement à Los Angeles, un autre modèle que les gangs se dresse fièrement, représentant d’une communauté pas franchement en odeur de sainteté médiatiquement parlant ; Cypress Hill. Rebaptisés Big Duke et Sick Jacken, ils forment le groupe The Psycho Realm, se produisent à L.A., grappillent quelques apparitions… Et finissent par être repérés par un B-Real un peu désœuvré, en pause de son groupe principal. Malin, il les prend sous sa coupe et va produire ce premier album qui ressemble comme deux gouttes d’eau à Cypress Hill ; vocaux caractéristiques (le côté nasillard de Louis se retrouve dans le phrasé de Sick Jacken, Big Duke étant plus proche du côté psychotique d’un Ol’ Dirty Bastard), et surtout une brume à couper à la machette, et une ambiance sombre et désespérée. Sony va d’ailleurs largement jouer là-dessus, en collant un beau sticker « the new album from B-real of Cypress Hill » sur le cd. Mais pas de méprise ; « The Psycho Realm », s’il bénéficie de l’aura de ce géant du hip-hop, de quelques interventions bien senties et des moyens mis à disposition, est bien le bébé des frères Gonzalez. Plus hardcore et plus marqué par les origines latines, mais aussi plus proche du terrain, des injustices et de la déliquescence de la société. Mais surtout, ce premier album est une tuerie, bon du début à la fin, et comportant des titres inoubliables, qui vous hanteront longtemps, en commençant bien sur par l’imparable « Psycho city blocks », suivi de près par « The big payback », « Premonitions », la terrible doublette « La conecta »… Et si le groupe va vite être touché par un drame qui ne le laissera pas indemne, cette première sortie du barrio est un incontournable du hip-hop nineties !
The Psycho Realm : Psycho city blocks
The Psycho Realm : Stone garden