« La route est encore longue… droite, figée, elle attend » déclame Steeve. La route, The Craftmen Club la connaît bien. Près de 20 ans d’existence et « Colores » est seulement le 4e album du combo : autant dire que la réputation de groupe de scène du groupe n’est pas usurpée. Pourtant, il ne serait pas juste de croire qu’il est inoffensif sur disque. « La route » m’accueille donc version panorama noir charbon, et je suis déjà sous le charme. « La jetée », beaucoup plus rock et directe, est un titre de scène par excellence, mais s’avère moins inoubliable. Et si « Expect to crash » joue à peu près dans la même catégorie, son riff s’avère beaucoup plus contagieux. La machine est lancée. Que ce soit en langue anglaise «(« Love ») ou française (« Colores »), le groupe sait faire preuve d’une force et d’une intensité rares, explosant souvent en une catharsis quasi mystique. Je ne suis pas très client de la langue française en musique en général, et le fait qu’ici The Craftmen Club passe de l’une à l’autre sans même y penser ne me dérange absolument pas. Tout me paraît tellement naturel et à sa place dans ce « Colores » que ça en est troublant. J’ai l’impression d’en connaître chaque interstice, de les explorer pour la énième fois, de les aimer depuis des mois. Son emphase, sa mélancolie, son amertume, je les déguste comme un bon alcool, qui me dévore à petit feu mais n’enivre en même temps. Voici donc une route gris bitume que je serai heureux de continuer à arpenter en compagnie des guingampais.
The Craftmen Club : La route