
C’est toujours avec un grand plaisir que je me replonge dans la pagan folk sombre et belle de Tenhi. C’est un groupe dont je n’ai pas parlé beaucoup ici mais dont je suis les pérégrinations depuis son premier et magnifique album « Kauan ». Le groupe aime (de plus en plus) prendre son temps pour composer de nouvelles œuvres : plus de dix ans se sont écoulés depuis le dernier, « Saivo ». Cependant, il met à profit ce temps pour étoffer des titres qui, s’ils sont toujours aussi riches en émotion, se font également plus fournis en instruments, voix et effets sur ce sixième album. « Saattue » prend son temps pour s’installer ; il est en terrain conquis, parmi ses amis, pourquoi se presserait-il ? On peut interpréter sa douceur et sa plénitude de différentes façons selon la sensibilité du moment ; « Valkama » peut en effet signifier « crique » ou « havre » d’une part, mais on sait aussi d’autre part que cet album est porteur d’un concept, celui du repos des braves morts au combat. Trois notions (voyage, repos, hommage) qui peuvent d’ailleurs coller à l’ensemble de l’œuvre des finlandais, mais aussi bien sûr à « Saattue » (« convoi »), le plus long titre de l’album (plus de 11 minutes), qui gagne peu à peu en intensité à mesure que les instruments s’y invitent. « Kesavihanta » et la plupart des titres poursuivent un chemin similaire, une voie claire-obscure dans laquelle nous sommes guidés par la voix gutturale de Tyko Saarikko, elle-même oscillant entre caresse, mélancolie et menace. Mais s’il y a un écueil ici, pour moi c’est bien cet organe, ou du moins ces lignes vocales qui se répètent avec monotonie d’un titre à l’autre… C’est certes un peu la marque de fabrique de Tenhi, mais je pense que les titres méritent un peu plus de variété, d’autant plus que les mélodies, aussi magiques et tragiques soient-elles, sont tout de même assez proches. Bien sûr, le disque reste un moment de recueillement (j’écarterai juste « Laineinen » que je trouve un peu pénible), mais j’avoue que je m’attendais à mieux.