
Entre mélodie et brutalité, le précédent album de Sulphur Aeon, malgré un talent évident pour la première tendance, avait plutôt opté pour la deuxième. Je le déplorais d’ailleurs. Cinq ans plus tard, les allemands se sont semble-t-il ravisés. En effet, « Seven crowns and seven seals » n’hésite pas à étaler le savoir-faire de ses auteurs en matière d’orchestration, de mise en ambiance horrifique (Lovecraft est toujours au centre de l’univers du combo) ou de finesse du jeu de guitare. Pour me montrer limpide, je pensais déjà que le disque précédent était très réussi, mais il ne semblait être que le brouillon de celui-ci. De l’emphase, une qualité d’écriture et d’interprétation bluffante, une richesse mélodique et technique permanente, tout est là pour faire de ce quatrième album l’une des meilleures sorties blackened death mélodique de ces derniers mois. On apprécie la présence de la voix claire mais aussi que le groupe ne l’ait pas rendue systématique ; elle est toujours utilisée à bon escient, au bon moment. Les duels de guitares sont assez énormes mais ne versent jamais dans la surenchère. Les titres, plutôt longs, laissent la place aux mélodies de se développer, se dédoubler, se répondre, se transformer, s’affirmer. Intenses, lancinants et puissants, les titres ont beau se ressembler, ils parviennent à toujours impressionner par leur faculté à réinventer la roue . Chaque seconde a beau exploiter une foule de choses qui ont déjà été retournées dans tous les sens avant ça, elle contribue à faire avancer le tout. « Seven crowns and seven seals » est aussi vertigineux que malin. Ni pur ni post, il est à la fois dans et en-dehors du temps, à la fois moderne et très respectueux de certaines normes du death metal. Je ne suis pas surpris à son écoute, je ne suis pas totalement subjugué mais loin d’être déçu ; dans cet entre-deux bizarre, Sulphur Aeon excelle.