En 2020, je découvrais le projet Sueur, qui alliait ambiance rock, musicalité electro punk et esthétique hip hop. Aujourd’hui, je pensais retrouver à peu près les mêmes sensations. Et c’est le cas, du moins en partie. « Ananké », que le musicien considère comme son premier album, fait un léger pas de côté vers plus de hip-hop. Et aussi vers la chanson, parfois, et un peu plus d’expérimentation. En fait, « Ananké » pourrait se rapprocher d’un San-Nom dans son approche moderne de la musique, son abolition des barrières, son amalgame de plusieurs logiques antinomiques qui finissent par se rejoindre. Attention, cependant ; sans le moins du monde dénigrer le travail de l’artiste précité, ici le genre est bien plus original et barré encore. Sueur est clairement torturé, il expose ici ses obsessions, ses limites (oui, quelques textes et thèmes sont un peu trop redondants), ses déviances et son multivers. Certains titres sonnent assez classiques, d’autres complètement avant-gardistes, d’autres encore se la jouent chanson… On oscille en permanence entre folie douce et mal-être poétique. Théo Cholbi partage avec son demi-frère Damien Saez un don pour une écriture qui évoque autant qu’elle chamboule. On ne sait pas vraiment quel destin nous dévoile cet « Ananké » tant il semble prendre plusieurs directions à la fois, ni la teneur de la suite qui lui sera donnée. Mais ça reste une œuvre conceptuelle assez étourdissante, bien qu’imparfaite, et bien plus urbaine et désenchantée que cette chronique peut le laisser croire.
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