Certaines bouses commerciales sont encensées partout, peu importe leur caractère creux et insipide. D’autres succès commerciaux sont suivis d’un oubli immédiat, la faute à un univers particulier et incompris. Il y a fort à parier que ce sera le cas pour Stromae ; car si le caractère dansant et accrocheur est bien là, c’est plongé dans un bain de cynisme et de réalité crue qu’il se présente. « Alors on danse » était déjà le portrait au vitriol d’une jeunesse désabusée ; le reste de ce premier album est à l’avenant. Pas forcément étonnant puisque Paul Van Haver était auparavant membre d’un collectif hip hop belge, Suspicion, usant des mots comme d’un poison insidieux. Ainsi l’humour noir habille ses productions teintés d’eurodance nineties, de rap grand public et… de chanson. C’est bien là le piège dans lequel Stromae a plongé ; celui d’avoir le cul entre deux chaises, trop cynique pour la jeunesse teuffeuse, et trop teuffeur pour la jeunesse rebelle. Parler d’inceste, de violence conjugale, de crise ou d’amour cassé sur un beat dance, ça a quelque chose d’inconvenant et de déplacé même pour un esprit ouvert… Alors, visionnaire ou artiste maudit ? L’avenir nous le dira…
Stromae: Alors on danse
Stromae : Te quiero