
Cela fait un moment que l’on suit Sophie Allison alias Soccer Mommy, que l’on partage ses émotions, distribuées à grand coup de pop rock nineties. Aujourd’hui, elle nous revient avec un quatrième album encore plus intime et chargé en mélancolie. En effet, celui-ci a pour origine le deuil, et représente à la fois un bilan et un exutoire. « Lost » qui nous accueille plante le décor d’un genre moins urbain, plus folk. Et il y a cette tristesse tenace qui traverse et nourrit chaque titre de l’album. Sophie nous y raconte que cette perte est bien réelle, palpable, et qu’elle la hante à tout instant. Elle nous exprime ses regrets de ne pas avoir tout dit à la personne qui lui était chère, sa solitude, la façon dont elle a encore l’impression de le voir, de l’entendre, de le ressentir auprès d’elle, ou la façon dont elle aurait aimé le faire. Soccer Mommy a souhaité que le son de ce disque soit plus ample, que les titres aient plus d’espace, mais ceci sans charger trop les effets de production, et c’est plutôt réussi. Elle y déploie aussi d’autres ambiances. Sur « Abigail », par exemple, j’ai l’impression d’être avec le Cure de « Friday I’m in love ». Bien sûr, l’amertume n’est pas la même à chaque instant. Et on sent que les changements dont parle Sophie sur plusieurs de ces titres sont à l’œuvre, effaçant doucement la douleur pour un entre-deux pas plus simple à vivre, puisqu’installant la culpabilité d’oublier l’autre, déjà, trop tôt. La personne chère n’est plus là, et on a l’impression qu’une partie de soi-même est partie avec lui, alors que l’autre hésite à le suivre (« Dreaming of falling ») ou à continuer coûte que coûte à vivre, au prix des regrets de ce qu’aurait pu être notre vie. « Evergreen » cependant, ne parvient pas pour moi à fixer le temps. Je l’apprécie, mais il est à mon goût, et malgré ses évidentes preuves du talent mélodique de Soccer Mommy et sa capacité à aller à l’essentiel, trop entre-deux. Moi j’aime la tristesse profonde, la douleur transperçante, et ici on est un peu trop dans la résignation déjà pour moi.