En 2020, les vénézuéliens de Selbst (enfin, ils sont basés au Chili maintenant) avaient tapé fort avec leur disque précédent « Relatos de angustia » qui allait un peu vampiriser le post black metal européen, mais le faisait de façon très intelligente et en respectant son esprit autant que sa forme. « Despondency chord progressions » va, bien sûr, encore plus loin. SI on y retrouve encore les influences black européen aux riffs épais et désespérés à la Drudkh & co, il y a bien autre chose ici. Quoi donc ? Et bien, le guitariste du groupe semble avoir gagné en confiance, et il s’autorise à vraiment occuper l’espace en permanence, que ce soit au travers de la présence de gros riffs typés post hardcore ou black, mais aussi de « sorties de route » qui évoquent plus le heavy metal, le blues ou le rock. Oh, bien sûr, tout ça reste très couleur locale, on a pas encore l’impression que Selbst invente son propre style, mais on en est tout de même pas loin. Les interventions en chant clair amènent la part de « post » qui va bien, et également un côté théâtral et dramatique bienvenu. Le maelstrom de guitares se charge de maintenir une intensité étouffante. Et ces interventions à la fois très techniques et mélodiques ponctuent chaque titre, les introduisent, les outroduisent (Eh, Bernard Pivot est mort et on érige Jul et Aya Nakamura en modèle, alors qui va me corriger, sérieusement ?) de la plus belle des façons. Et ça change suffisamment les choses pour faire basculer Selbst dans la catégories des groupes qui comptent dans le domaine du post black metal. Ce disque est excellent, et sa durée est optimale pour profiter du mélange sans jamais ressentir la moindre gêne, sans la moindre longueur. Chaque titre condense les points forts du groupe en ne misant jamais tout sur un seul élément, sur une seule émotion, et c’est ce qui fait sa force. Costaud.
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