Troisième album pour Rocé, l’un des mc les plus lettrés et intéressants de la scène française. S’éloignant des sons free jazz qui peuplaient son précédent effort, Rocé choisit ici de donner des couleurs à la fois groovy et inhabituelles à son rap conscient, habillant ses titres sans les étouffer. « L’être humain et le réverbère » est un disque élitiste, sans équivoque (« Si peu comprennent »). Rien n’y est simple ou évident ; tout se mérite, et l’entrée est payante. D’un peu de soi, de réflexion, d’effort d’écoute, de traduction d’images mentales, de transposition à son propre quotidien. Rien qui ne soit inaccessible à tout un chacun, pour peu qu’il s’en donne la peine. De peine, il n’en est question qu’à demi-mot d’ailleurs ; ici, on préfère dénoncer ou en rire jaune. On fera l’impasse aussi sur les histoires banales d’amours perdues et autres clichés inhérents aux disques « qui marchent ». Qui marchent sur quoi d’ailleurs ? On est clairement pas sur le même trottoir ici, et Rocé ne cherche jamais à traverser la rue ; il ne cherche pas à attirer l’attention de l’objectif, préfère rester dans la pénombre, sortant pour haranguer à l’occasion, observant et chroniquant le reste du temps. Et signe là un album intègre et intégral, panorama d’une époque malade sans aucun mot pour passer la pommade.
Site officiel Rocé : L’être humain et le réverbère