Il a quand même fallu attendre huit ans pour voir ce deuxième album du projet Quakers voir le jour. Je dois vous avouer que j’étais persuadé d’avoir chroniqué le premier album du collectif de producteurs en 2012. Mais en fouillant dans mes souvenirs, une image me revient ; celle d’une chouette compil’, mais pas forcément aboutie ni homogène, un truc pour collectionneurs de hip-hop, férus de créativité, mais pas forcément avides de titres en bonne et due forme. Ce deuxième volume atterri sur la platine, je me fais une raison ; jamais le trio de savants fous ne produiront autre chose que de grosses mixtapes avec des vrais morceaux de génie dedans, mais ressemblant globalement à un collage de all-star hip-hop. Je me plains souvent de la trop longue durée de certains titres, tous styles confondus. Mais là, le plus long affiche 2 minutes 59, et on se situe plus en-dessous des deux minutes. Et ça ne me dérangerait pas, à la limite, si les titres s’avéraient poussifs, les productions désastreuses, les flows laborieux. Mais ça n’est évidemment pas le cas. Si ce deuxième opus évite les gros featurings, il invite quand même de solides prétendants au titre de meilleur espoir, et enquille les bonnes idées et les gimmicks terribles. Sauf que le collectif n’a pas envie de respecter les normes et formats. C’est tout à son honneur, et en même temps affreusement frustrant. Alors oui, trois fois oui, on prendra du plaisir à enchaîner les 33 titres de cette suite brillante. Mais qu’on aurait aimé que certains moments fugaces de bonheur durent plus longtemps, soient accompagnés d’un refrain, s’articulent comme une vraie chanson, un futur classique ! « The next wave » est donc bon avec le hip-hop, mais dur avec ses fans.
