Patrick Mameli est un éternel insatisfait, et un explorateur invétéré. Si depuis ses débuts, Pestilence est SA créature, elle a revêtu des formes bien différentes au cours des années, essayant de sortir d’un carcan death metal brut dans lequel on l’avait enfermé beaucoup trop vite. Prog, jazz, post, peu importe le qualificatif qu’on pourra accoler à la formation ; celle-ci s’est toujours montrée beaucoup plus inventive que nombre de ses collègues, quitte à s’attirer l’incompréhension de ses labels… et fans parfois. « Hadeon » est un nouvel essai (le troisième) de reconquête. On y retrouve ce chant caractéristique (les screams éraillés et gras de Patrick n’ont pas bougé depuis quelques temps, et c’est tant mieux tant ils sont adaptés au genre et personnels), des riffs alternant entre classique et exploratoire, des soli mélodiques et techniques, des structures complexes. Tout ça pour des titres prenant bien garde de ne pas s’étirer en longueur (moins de 4 minutes), mais ne crachant pas sur quelques effets d’ambiance. Et là, on peut interpréter ce huitième album de deux façons différentes. On peut arguer que, campé sur des positions et un style progressif, léché et néanmoins respectueux d’un genre death old school, ce disque présente des qualités indéniables. Ce ne serait pas mentir. Mais on pourrait également avouer que, tout bon qu’il soit, ce « Hadeon » ne contient pas de titre inoubliable. Ceux qui viennent ici chercher un « Land of tears » ou un « Suspended animation » bis en seront pour leur frais. Oui, c’est un peu une réponse de normand, mais c’est la seule que j’aie à apporter : « Hadeon » est un bon album, sincère et efficace… mais pas inoubliable.