J’ignore de quel ami on parle ici, mais à la teneur volontiers mélancolique de ce premier album de Ben Cramer alias Old sea Brigade, on peut supposer que celui-ci n’est plus parmi nous pour l’écouter. Et vérification faite, je suis en plein dedans : « Ode to a friend » évoque la perte de l’un des meilleurs amis du songwriter, qui a choisi de s’ôter la vie. Un ami qui était un fan de la musique de Ben, et qui l’a poussé dans la voie d’une émancipation solo. Voici donc un titre et un disque qui a du sens. On est donc loin de la ritournelle mièvre sur les amours compliquées entre un cowboy et une fille de la ville, ou même d’une quelconque tragédie country gothique, genre dont on est parfois assez proche. Mais pas toujours. « Sinkhole » m’évoque plus un Villagers dernière période, avec son indie folk mâtinée d’électro, certes avec une voix plus hantée, mais tout autant de classe. « Seen a ghost » poursuit son chemin avec tout autant de simplicité, et quelques nappes fantomatiques en arrière-plan suffisent à installer une vraie ambiance. « Feel you » est un peu trop classique pour qu’on lui accorde une attention soutenue ; pas mauvais, mais déjà entendu. « Resistance » se déploie doucement, mais s’avère malgré sa lenteur assez épique. « Hope », comme son nom l’indique, est une chanson pop folk rêveuse et douce. « Stay up » est un autre titre un peu trop pop et classique pour moi. « Western eyes » (rien à voir avec la reprise transformé de Portishead comme je l’avais un peu fantasmé) est dans la lignée de « Hope ». « Straight through the sun » et « Want it again » et « cigarette » sont malgré leur légèreté de chouettes titres electro pop folk. Et enfin, « Ode to a friend » remplit le spectre d’une lumière chaude qui semble éloigner le malheur, ou au moins exorciser toutes les émotions négatives. Bref, Old Sea Brigade est un joli projet capable de choses magnifiques, dont on espère qu’il suivra le chemin de plus de titres émotionnellement forts.