
Cela fait plus d’une trentaine d’années que Fernando Corona fait de la musique électronique, dont une bonne vingtaine au service de Murcof, son projet electro ambiant. Je l’ai croisé il y a des années avec les albums « Remembrenza » et « Cosmos », au sein desquels il exploitait déjà une passion pour l’espace et les ambiances science-fiction. Si depuis, je l’ai franchement perdu de vue, je le retrouve fidèle à lui-même sur ce quatorzième album. Enfin, pas tout à fait quand même, et c’est tant mieux, parce que ça signifierait que l’artiste n’a pas évolué depuis. Mais (oui, il y a un mais) évolution n’est pas toujours synonyme de progression. Sur le premier titre « Going home », j’ai du mal à le reconnaître ; si le fond est bien electro ambiant, il y a ici un chant féminin qui change vraiment la couleur du titre. Et pas vraiment en bien à mon sens ; en découle une impression de fadeur. « Cosmic drifter » fait un peu mieux mais je ne suis pas non plus subjugué. En revanche, la première partie d’ « All these worlds » me propulse dans l’hyperespace. A partir de là, on est bien plus dans le mood, Des nappes cotonneuses, des mélodies mi acides mi psyché qui sonnent un peu synth wave, des ambiances assez sombres s’entrechoquent au sein de titres qui nous font enfin voyager, au moins dans notre imaginaire. Parmi eux, je retiendrais particulièrement « Enemy » et ses voix fantomatiques. C’est un disque qui s’écoute et se réécoute, dans lequel on peut facilement puiser des ambiances sonores pour des films. Murcof a encore le goût, la technique et le savoir-faire nécessaires à l’élaboration de titres aussi cinématographiques que complexes !