
Au milieu des années 90, les deux premiers albums des suédois de Mork Gryning avaient marqué les esprits par leur black metal assez typique et intransigeant mais présentant des qualités mélodiques certaines. Après ça, le groupe a un peu peiné à se renouveler, ou a plutôt longtemps fait le choix de ne pas le faire. Il a ensuite splitté pour revenir en 2020, comme beaucoup après avoir décidé de se reformer suite à l’épisode Covid. Bref, « Fasornas tid » est le deuxième album de cette deuxième période du groupe, et entend bien faire en sorte que le nom de ses créateurs squatte l’encéphale des fans du genre. Après une intro (semi) acoustique plutôt classique (et pour laquelle le groupe ne s’est même pas cassé la tête à essayer de choisir un titre) « The seer » fait battre les tambours de guerre. Rapide, mélodique, efficace, le groupe n’a rien perdu de sa superbe, et se permet même un break en voix claire qu’on avait pas forcément anticipé mais qui s’intègre parfaitement à l’ensemble. On apprécie (toujours) le travail sur les claviers, essentiels mais pas pour autant pompiers. Un chouette (et pas trop long) solo, une durée générale parfaite (quatre minutes) ; le combo a bien bossé son entrée. « Tornet » s’avère plus retorse, certainement pas assez nuancée. Le morceau-titre montre un côté un peu plus progressif du groupe. « Before the crows have their feast » se fait un peu plus heavy, et comporte un riff principal assez terrible, qui contraste avec ses passages plus atmo ; un des titres forts de l’album. Le début de « Savage messiah » nous laisse penser qu’on va avoir droit à une balade… On y est pas même si le rythme est ici bien ralenti et que le chant clair s’y évite également, Le plus lourd et réussi « An ancient ancestor of the autumn moon » suit, alors que « Black angel » se fait plus rugueux. « Barren paths » nous fait faire une pause acoustique, avant que « The serpent’s kiss » ne s’emploie à nous rappeler à quel bon groupe nous avons affaire. « Det svarta » continue l’entreprise de destruction de l’album, mais toujours avec cette attention mélodique et ces passages mid-tempo. Enfin, « Age of fire » sonne plus classique, un peu comme un inédit de l’époque réactualisé. On a donc ici un retour réussi qui annonce une suite de carrière logique, celle qui aurait du être il y a quelques années.