Mark Deutrom a beau œuvrer dans l’ombre depuis un moment, il n’en joue pas moins un rôle important sur la scène musicale. En joue et en a joué d’ailleurs : il est surtout connu pour avoir été bassiste des Melvins, mais il a également fricoté avec Sunn O))), et cofondé le label qui a sorti le premier Neurosis. Mais ça faisait un moment qu’on avait pas assisté à une sortie du bonhomme. Et surtout, pour trouver les autres de ses disques, vous pouvez vous lever tôt. Alors donc on jugera « The blue bird » comme s’il s’agissait d’un premier album. « No space holds the weight » nous amène sous le soleil brûlant d’un désert aride. « Futurist manifesto » nous sort de notre léthargie, toujours format instrumental mais beaucoup plus musclé et énervé, entre stoner et rock indé. « Radiant gravity » nous donne l’impression que le morceau précédent n’était qu’une parenthèse, aussi rêveur et cool que le premier titre. « O ye of little faith » est le premier titre chanté de la galette. Une couleur stoner / doom psyché l’habille, justifiant (tout juste) sa présence chez le français Season Of Mist. Mais de là à parler de metal, il y a un pas que je ne franchirai pas. Par contre, le titre est plaisant, comptant quelques riffs bien lourds et mémorables, et finissant de façon assez inattendue et apaisée. « Our revels now are ended » est un interlude qui sent bon la chute de studio ; on ne sait pas trop à quoi il sert, avec sa descente de départ qui me rappelle un Naked Truth, et sa suite, euh, dispensable. « Hell is a city » est pour moi l’un des titres les plus réussis du disque : titre énigmatique, flottant, il m’évoque tout de suite Twin Peaks par ses sonorités et son spleen chelou. « Somnanbulist » suit un chemin similaire, sinon parallèle, mais s’avère moins attachant. « Maximum hemingway » a les deux pieds dans le desert rock, et est l’un des titres forts du disque, malgré sa relative économie de moyens. « Through the ringing cedars » est un deuxième interlude. « They have won », ballade douce-amère, verse plus du côté Floydien, et a même un petit côté Ulver avec l’arrivée du saxo (période « Perdition city ») ; très joli titre. « On father’s day », plage ambiante, est un peu trop légère pour convaincre. « The happiness machine » est un bon titre desert rock, groovy, musclé et mid tempo. Enfin, « Nothing out there » est un autre titre floydien à la mélodie bizarre, mais dont les lignes mélodiques me laissent froid. Dommage de finir sur cette note, mais ça ne m’empêche pas d’apprécier l’ensemble, et je vous encourage à essayer aussi !