C’est drôle comme on fait les choses à l’envers parfois. Je ne me suis jamais trop penché sur le cas des norvégiens de Madrugada à ce qui est considéré comme leur apogée, à part (comme beaucoup) sur le single « Vocal » (sur l’album « Industrial silence »). Ce n’est que longtemps après leur split que j’ai découvert le talent de leur chanteur Sivert Hoyem. Repéré sur le calendrier des sorties, je me suis dit que ce nouvel album pourrait bien être l’occasion de corriger mon erreur. D’entrée, «Nobody loves you like I do » pose les jalons : un souffle épique, une coloration à la fois indie rock et folk / americana des routes secondaires, celles où se joue non pas les grandes épopées mais les petits drames, où ne passent pas les héros clinquants mais les losers magnifiques. Ouf. On aurait pu craindre que, suite au décès de son guitariste, le groupe choisisse de donner à sa musique des élans plus positifs, ensoleillés, pour combattre sa douleur et la morosité ambiante. Il n’en est rien, heureusement pour nous ; l’indie rock de Madrugada est toujours aussi globalement sombre. Bien sûr, certaines chansons sont un peu plus enlevées. Mais les tons orangés de la pochette de ce sixième album nous mettent sur la piste d’un crépuscule solitaire dans un vaste paysage désertique : c’est bien ça Madrugada. Sans surprise, c’est dans les titres les plus mélancoliques que je me retrouve le plus. Un « Stabat mater » est pour moi un pur régal. Comme dit plus haut, je ne connaissais pas vraiment la musique du groupe, et ne peux donc pas comparer. Mais je suis globalement assez sensible à sa country pop en mode mineur, et même si certaines pistes plus chargées de romantisme et de contemplation me sont moins destinées, j’ai apprécié le voyage.
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