Le premier Lethe m’avait plus ou moins pris par surprise, et surtout positivement impressionné par sa propension à marier post metal et trip-hop. Je m’étais alors promis de m’intéresser tout autant aux prochaines sorties du duo, et c’est donc avec joie (mais un peu de retard, certes) que j’accueille l’invitation de My Kingdom Music à découvrir ce nouvel opus. « The first corpse on the moon » poursuit le travail d’hybridation engagé sur le premier album pour aboutir à une autre œuvre remarquable par bien des aspects. Pour schématiser, on peut comparer Lethe à la rencontre d’un The Gathering avec un Ulver. Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais je trouve que ça a de la gueule rien que sur le papier. Et rassurez-vous, quand on l’écoute, ça passe tout seul aussi. On est d’abord frappés par la luxuriance des arrangements et de l’instrumentation, la pureté et la beauté du chant d’Anna Murphy, qui a ici beaucoup plus d’espace pour s’épancher. Puis on apprécie la jolie complémentarité du chant masculin ; celui de Tor, qui joue de plusieurs techniques vocales, mais aussi de ses invités, dont le rappeur K-rip, le côté progressif plus affirmé, qui gomme un peu les aspects sombres sans toutefois éjecter les éléments metal, l’attention portée au fil rouge « spatial » de l’album par l’intégration de plusieurs effets et gimmicks électro, noisy, de production. Bref, « The first corpse on the moon » ne déçoit pas. Tout au plus pourrait-on lui reprocher sa longueur. Car si celle-ci n’est pas inhabituelle (57 minutes), l’oreille a tellement d’éléments à assimiler qu’en fin de parcours le voyageur peut accuser un déficit d’attention, d’autant plus qu’à mon avis « Exorcism » n’apporte pas grand-chose et aurait pu être raccourci de 4 minutes sans que ça nuise à l’ensemble. Mais ça n’empêche pas à Lethe de se montrer largement à la hauteur de son premier méfait, et de prouver une fois de plus sa valeur musicale.