Kery James n’est pas un nouveau venu sur la scène hip-hop française, et chaque pas qu’il fait est aussitôt analysé, imité, jugé. Ce disque, le sixième du guide du rap conscient, fera également couler beaucoup d’encre. Parce que, non content de poursuivre dans la voie qui est la sienne, entre nouvelles leçons de vie et envie de sons nouveaux, Kery James semble s’être penché sur l’expression de ses contemporains et en avoir adaptés certains automatismes. En ressort un disque plus direct, plus moderne, plus rythmique, qui adopte souvent des codes mélodiques auxquels Kery ne nous avait pas habitués, mais qu’il juge en toute cas dignes de son verbe et adapté à son art. Nous voici donc face à une collection de titres qui empruntent parfois au trap, pas mal au rap & b, et entre deux se montrent plus classiques. Pas de surprise en revanche côté textes ; ils sont toujours aussi percutants, profonds et malins à la fois. Oui, bon, je ne suis pas super objectif, ça fait des années que je suis fan du bonhomme. Par contre, j’avoue que le jeunisme assumé du disque me laisse un peu perplexe. Oh, Kery ne va pas aussi loin que Mc Jean Gab’1 il y a quelques semaines, mais s’en approche parfois dangereusement. C’est du moins mon sentiment, et ça altère mon jugement sur ce bel album, qui contient comme il est de coutume des hymnes de rue, parmi lesquels on citera bien sûr « Racailles ». « Mouhammad Alix » est une nouvelle réussite, que j’aurais aimé différente certes, mais qui reflète toujours la liberté et la pertinence d’un artiste qu’on ne peut que féliciter une nouvelle fois.
Kery James : Racailles
