Le premier Interpol m’avait séduit, hypnotisé, paralysé. Sa beauté froide, sa noirceur m’avaient fait traverser des contrées désolées avec un étrange sentiment de déjà-vu. Une impression de chez-soi qui met presque mal à l’aise, le chez-soi dont on rêve de s’enfuir mais auquel on revient toujours. Alors quand ce « Antics » s’est profilé à l’horizon, mon cœur s’est emballé, et j’imaginais mon nouveau groupe fétiche atteindre des sommets jusque-là interdits au commun des mortels. Mais la grosse vilaine voix qui squatte parfois mon cerveau me disait, elle, de me préparer à une grosse déception, dans la grande tradition des deuxièmes albums. Et j’avoue avoir attendu plus que de raison avant de me décider à découvrir la vérité, c’est que cet album ne correspond à aucune hypothèse. « Antics » comporte de très bonnes chansons dans la lignée de « Turn On The Bright Lights », mais recentre souvent (hélas !) le tir vers un rock moins coldwave, moins sombre, sans convaincre pleinement dans ce registre qui ne lui va pas au teint. Certes, les éléments sont les mêmes, la voix de Paul Banks sonne toujours aussi goth, mais ce côté plus léger fait, pour ma part, plus pencher la balance du côté semi-échec que de celui de la semi-réussite.
Interpol : Slow hands
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