Les New Yorkais d’Interpol étaient parvenus sur « Our Love To Admire » à rattraper leurs poursuivants, et par la même occasion leur retard, dû à un « Antics » trop téléphoné pour convaincre. Ils avaient donc pour mission avec ce 4eme album de maintenir le cap, de renouveler encore un peu leur style pour le faire perdurer, le tout sans se répéter ni perdre son identité. Un challenge que le groupe a bien intégré, et qu’il a tenté de remporter en modifiant certains éléments. Ici, on trouvera donc plus de claviers, quelques rythmiques électroniques, mais surtout une basse moins caractéristique, ce qui n’est pas sans choquer au premier abord. Pour le reste, on est en terrain connu, voir même un peu trop. Les titres se suivent et se ressemblent, présentant des mélodies qui nous rappellent les autres disques du combo, s’attachant à reproduire malgré les petits changements l’atmosphère sombre et dépressive des précédents. Et c’est bien ce qui ressort de ce nouvel opus ; des chansons encore plus noires qu’auparavant, entourés de lourds rideaux noirs imperméables à la lumière. Alors, tout cela serait-il voulu ? Ce côté répétitif, rengaine, ces riffs hypnotiques, lancinants, cette voix encore plus désincarnée et distante ? A n’en pas douter, cet « Interpol » restera une énigme pour bien des amis ou ennemis du groupe. Il faudra le temps de l’apprivoiser, de peser le pour et le contre, de déterminer s’il s’agit d’un renoncement ou d’une confirmation. Moi, j’opterais pour la réponse de normand, y voyant un groupe qui hésite entre la mutation ou l’enfermement. Le souci, c’est que les deux facettes apportent du bon et du mauvais, et qu’on pourra autant être fasciné par certains titres que passablement assommé par d’autres… A chacun donc de faire ses choix, y compris pour Paul Banks et les deux rescapés…
Interpol : Evil
Interpol : Lights