Gin Wigmore est une auteure-compositrice (c’est comme ça qu’on dit maintenant ?) néo-zélandaise. Rien de bien exceptionnel donc. Sauf que Gin a de la personnalité. Un vécu mouvementé, un certain goût pour le dynamitage musical, un irrespect total des conventions. Et une certaine expérience de la chose, puisqu’elle fait ça depuis ses 14 ans, et qu’elle en a plus du double à présent. Tout ça est bien, et fait d’« Ivory » un disque sur lequel on se retourne d’abord avec curiosité, puis avec bienveillance. Bien sûr, la voix très particulière et assez nasale de la jeune femme peut d’abord surprendre, voir rebuter. Mais c’est sans compter sur la faculté de persuasion de titres diaboliquement efficaces. « Hallow fate » avance sur la pointe des pieds, mais montre vite un groove et une écriture pop imparable. Ce qui me rappelle Izzy Dunn et Duffy : l’alliance de la soul et de la pop (avec option rétro), avec un soupçon d’influences neo classiques. Par la suite, la chose se complexifie ; Gin nous montre qu’elle est également friande de rock, de hip-hop, de funk, et qu’elle compte bien les faire cohabiter dans son grand chaudron. Quelques titres sont un peu trop faciles, mais la plupart vont directement au but, et cinq écoutes plus tard, si le genre n’est pas celui qui me va le mieux au teint, une évidence s’impose à moi sous une lumière crue ; ce disque ne souffre d’aucun défaut. Chaque titre y fait preuve d’audace, de bienséance et de clinquant dans des proportions égales, et fait vraiment honneur à sa créatrice. Pas de doute : Gin Wigmore a quelque chose de plus que ses contemporaines, et vous seriez bien avisés d’en faire la connaissance !
Gin Wigmore : Cabrona