Quel est donc ce drapeau que le duo Fixpen Sill brandit ? Celui d’un rap désabusé, rejeton de « Comment c’est loin », cousin éloigné du hip-hop actuel, dénaturé par un abus de lecture et de culture ? Les deux compères ont toujours eu un positionnement dans le hip-hop français à la chat de Schrödinger ; à la fois dedans et dehors, picorant les bonnes idées mais ne se soumettant jamais au diktat de la mode. Est-ce que ça les a servi ou désservi ? Là aussi la nuance est loi. Commercialement, Fixpen Sill n’est pas le poulain sur lequel on miserait toutes ses billes pour une course au brouzouf. Mais artistiquement, il sait contourner les obstacles et se créer des opportunités de faire avancer son rap, prenant la vague juste ce qu’il faut pour ne pas passer pour un ringard, mais conservant un sens critique et une distance bienvenus. C’est encore le cas avec « Flag », même si ce disque ne peut, encore une fois, être taxé d’immobilisme. Plus actuel encore, il s’inscrit dans un style très electro, emploie plus fréquemment le chant et le vocoder, se rapproche du copain Lomepal (présent sur un single), louvoie entre groove chaud et sec, entre entertainment et analyse. Finalement, si la forme change, le fonds reste le même. La preuve, ce qui me gênait sur « Edelweiss » est toujours là ; j’ai tendance à m’ennuyer sur la moitié des instrus mélancolico-groovy. Mais bon, c’est le style qui veut ça, je ne leur en veux pas, si ça leur plaît… Le résultat, c’est donc un disque différent mais dans la continuité, toujours une tête au-dessus des autres, mais battant autant des bras pour rester libre de ses mouvements. Est-ce que ça sera suffisant ? Pas si vous ne leur donnez pas un petit coup de pouce.
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