FATIMA AL QADIRI : Medieval femme

Ça fait longtemps que Fatima Al Qadiri casse les codes et fait un feu de joie avec les idées reçues. Pour ce nouvel album, elle revisite la poésie des femmes arabes au moyen âge. SI vous ne connaissez pas le personnage, et surtout sa musique, vous pourriez vous attendre à quelque chose d’un peu obséquieux, respectueux d’une tradition musicale ancestrale, ou au contraire chantant et léger, riche en couleurs chatoyantes. Dans un cas comme dans l’autre, vous êtes dans le faux. Ma dernière rencontre avec la dame, « Brute », m’avait laissé un goût d’inachevé dans la bouche. Quelque chose m’y plaisait beaucoup dans la manière de déconstruire et réinterpréter l’existant, de parvenir à faire peur en musique sans forcément utiliser les clichés habituels. Mais j’y voyais également des limites ; celle de sonorités trop répétitives, de ficelles un peu trop grosses, empêchant les marionnettes sonores de se mouvoir comme elles auraient dû / pu. Sur cet album, le métissage a, on s’en doute, encore plus sa place, ce qui me laisse donc entrevoir un rendu plus organique et moins « systématique ». De fait, on a ici quelques éléments nouveaux : la voix tout d’abord (la sienne), mais aussi quelques instruments traditionnels. Ceux-ci tissent des mélodies toujours aussi étranges et désespérés. L’idée est de mâtiner cette ambiance de l’idée de désir. On le sait, celui-ci peut prendre bien des formes, alors pourquoi pas ? Mais si un titre comme « Sheba », par exemple, intègre des soupirs langoureux, je vous déconseille de mettre « Medieval femme » sur la platine avec votre crush pour un moment coquin ; vous risquez juste de casser l’ambiance. Ce qui ne m’empêche pas de trouver de la beauté au sein des titres, ni de les trouver réussis. Fatima Al Qadiri excelle dans le fait d’installer une ambiance de recueillement mêlée de noirceur et de surréalisme. Les aspects musique de film sont encore une fois très développés, et l’ambiant bien dark n’est jamais loin. J’aurais pensé, et peut-être même aimé, trouver ici plus d’éléments traditionnels, et un peu plus de voix encore ; finalement les textes sont un point de départ, et ne constituent pas la moelle épinière de « Medieval femme ». Concrètement, je préfère ce disque à « Brute », mais il ne constitue pas encore la passerelle entre deux mondes que je pensais y dénicher.

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