Je n’ai jamais posé une oreille sur le duo dont est issu Guillaume Alric alias Enfant Sauvage. Et je ne trouve pas que ce soit une raison suffisante pour ne pas m’intéresser à cette émanation, bien au contraire ; il est temps, en fait, de remettre les compteurs à zéro. Enfant Sauvage pratique un style qui doit autant à l’electro pop, très, peut-être même trop en vogue de nos jours, qu’à l’electronica plus aventureuse et défricheuse. Un mélange assez fréquent, je ne vais pas en disconvenir, mais qui conserve une saveur particulière ici, puisque si le côté dansant est bien présent, c’est la mélancolie qui bien souvent prend le dessus au sein des 11 titres de l’album, aux noms parfois très évocateurs d’ailleurs : « A misty day », « It’s all over », « Time to fall », « Solitude »… Mais une mélancolie douce, sensible, que l’espoir et l’amour n’ont pas déserté. On trouvera ici des éléments très pop, presque surannés, au trait un peu forcé. Mais ils ne dénotent en rien et semblent aussi bien pensés qu’amenés ; ils sont à leur place, entre un motif house, une rythmique trip hop ou une tournure plus délicatement groovy. L’album, lui, est changeant. Que de différences entre l’introductif « 58500 » (en fait le code postal de Clamecy, dont est originaire le musicien) et la ballade « Louve » déjà ! Bien sûr, une fois qu’on a fait le tour de l’album, on se rend compte que les ambiances sont familières, que certains automatismes sont déjà présents. Mais ils ne sont pas préjudiciables à l’oeuvre, bien au contraire ; ils en installent l’univers, et l’individualisent. « Petrichor » aurait peut-être gagné à jouer encore plus la carte de l’hybridation. Du moins, il y aurait encore plus gagné mes faveurs. Mais il demeure, pour sûr, une belle œuvre, personnelle et inspirée !
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