Si célébrer l’anniversaire d’un album est assez fréquent, en profiter pour le réinterpréter entièrement est assez inhabituel. Le premier album d’Emilie Simon est sorti il y a 20 ans, et la musicienne et chanteuse a tout d’abord souhaité lui rendre hommage en retravaillant un ou deux titres. Une envie qui s’est rapidement transformée, pour élaborer la réponse à la question « comment j’arrangerais ces titres aujourd’hui ? ». La réponse, elle la spoile un peu sur la pochette de cette version 2.0 : les multiples coccinelles de la pochette originelle ont été remplacées par une seule, aux couleurs bien moins naturelles et à l’aspect plus cybernétique. Effectivement, si l’ensemble est toujours marqué musique électronique (c’est quand même la marque de fabrique de la dame), ça sonne bien plus electro pop, electro et synth wave que trip hop / trip pop comme c’était le cas en 2003. Exit les guitares, un peu gommées les influences plus neo classiques, tout baigne dans des eaux synthétiques. L’esprit originel est préservé ; j’ai réécouté les premières versions, la différence est notable, évidente mais chaque époque a son charme et son accroche spécifique. Cependant, ce qu’on pourrait reprocher à cette revisite, et collectivement à tous les titres, c’est justement d’avoir gommé les aspérités du premier album, d’avoir trop cherché à arrondir les angles, à rendre le tout très actuel, et du coup un peu inoffensif, inodore. Et si les premières versions transpiraient les heures passées à travailler et retravailler, si on pouvait y déceler les différentes influences et périodes de la musicienne, tout ici semble avoir été passé par le même tamis, et si l’album y gagne incontestablement en homogénéité, il y gagne aussi un petit côté « savonnette » ; tout est très bien, très brillant, mais ça glisse un peu trop. Alors qu’en penser ? Et bien, si vous découvrez Emilie Simon avec cet album, vous serez sûrement conquis, et à raison. Mais si vous l’avez connue à l’époque de l’album éponyme, il est possible que la pilule ait un goût amer. Il s’agit donc d’une demi bonne idée. Ce qui n’empêchera pas, j’en suis convaincu, Emilie Simon de nous mettre des étoiles dans les yeux et dans les oreilles dans un futur proche !
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