Earthling, c’est un peu une légende en terrain electro pour moi. Des années durant, j’en ai entendu parler, j’ai eu ça et là des échos d’albums géniaux, mais voilà, personne pour m’initier à leur son. Et quand j’ai fini par mettre la main et les oreilles sur leur deuxième album « Humandust » et que j’ai cherché à prolonger l’expérience, rien ; le duo s’était évanoui dans la nature. Depuis, plus de nouvelles, à se demander même si tout ça n’était pas un gigantesque rêve, une hallucination collective. Et bien non ; 13 ans après leur précédent méfait, Tim Saul et Mau se retrouvent pour nous offrir cet « Insomniac’s Ball » ni vraiment pareil ni complètement différent. On y retrouve ce talent à tisser des trames sonores intéressantes, sombres et froides, assez typiquement trip-hop, et le flow particulier de Mau, détaché et nonchalant, rappelant parfois le Tricky de « Maxinquaye ». Référencé, donc. Car même sans le vouloir, c’est l’héritage d’un genre que porte ce disque, et ses créateurs, sur leurs épaules. Impossible d’extraire un titre plutôt qu’un autre ; ils ont tous ce charme, cette magie, ce magnétisme qui attire et retient l’auditeur comme une araignée dans sa toile. Inexplicable, car à la première écoute, on se dit que cet album est « pas mal », « bien foutu » ou d’autres facilités du genre, mais sans aller plus loin. Mais voilà, on y revient, encore et encore, et ce disque s’installe doucement mais sûrement, en éclipsant quelques autres au passage. Et c’est ça, l’apanage des grands, dont Earthling fait partie, indubitablement.