La curiosité est, en règle générale, un vilain défaut, qui peut jouer des tours pendables. Mais dans le domaine artistique, elle n’est rien de moins que le lit de la créativité, et côté critiques, elle est ce qui permet de faire des découvertes. Parfois bonnes, parfois horribles. Les gens de télé et de cinéma nourrissent souvent l’espoir secret de percer dans d’autres sphères, et en particulier la musicale. Pourquoi pas après tout, ça reste de la composition et de l’interprétation, au sens littéral. Et certains s’en sortent bien. J’ai donc arrêté il y a quelques années de faire la moue quand un acteur ou un humoriste sort un album. Même si, pour ces derniers, j’ai beau me creuser la cafetière, je ne me souviens pas avoir été positivement impressionné, ni même y avoir vraiment cru avant de me lancer dans l’écoute. Didier Bourdon a pour lui le fait de savoir composer, et l’avoir démontré à de nombreuses reprises. Bien sûr, l’interprétation de chansons parodiques, aussi efficaces mélodiquement parlant soient-elles, ne signifie pas qu’on prendra plaisir à découvrir le bonhomme « plus sérieux ». D’ailleurs, l’est-il vraiment ? Le premier single, « Pourquoi tu te mets à la chanson ? », est empreint d’humour, mais ne me transcende pas, bien au contraire. Paradoxalement, « L’art majeur », qui s’avère bien plus classique (même si subsiste toujours un peu de poil à gratter), est aussi bien plus réussie, mélodiquement parlant. « Si tu me suis » voit Michèle Laroque partager le micro avec Didier pour un titre tout à fait correct et plutôt malin. « Do sol mi » repart hélas dans une sorte d’attaque dérivée de la musique actuelle, et ça sonne un peu réac. « Comme je vous envie » se fait plus élégante, et ça va assez bien à la voix de Didier. Un beat electro et un piano assez démonstratif complètent le panorama. « Médias médiocres » est dans la lignée du single et de « Do sol mi ». Sans commentaires. « Quelqu’un de sérieux » est un autre bon titre. « Ritournelle mélancolique » me laisse froid, « Transylvanie » montre une belle propension à proposer un style moins conventionnel et plus cinématographique. C’est la revisite de « Vice et versa » qui clôt l’album. Je ne sais qu’en penser ; elle montre la maîtrise et l’efficience musicale du bonhomme, mais la chanson est expurgée de ses références eighties, qui étaient la raison d’être du titre. Bilan ? « Le bourdon » n’a pas que des bons côtés, mais fait preuve de qualités certaines, et présente le comédien sous un autre jour. Et quand il se laisse vraiment aller, quand il s’écarte un peu plus du chemin tracé par les Inconnus, c’est finalement là qu’il est le meilleur. Bien sûr, les allergiques à la chanson française ne trouveront pas ici de pétrole, et de mon côté il est fort peu probable que je vienne à nouveau ici me faire bourdonner dans les oreilles. Mais je suis au moins rassuré sur la viabilité de ce nouveau projet.
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