Après le « 1979 » sorti il y a deux ans, je ne pensais pas que Deru me referait le coup de la sortie passée inaperçue. Raté. Ce disque est même sorti fin d’année dernière, c’est dire si le bonhomme a été vite inspiré. Et pour tout dire, étant donné la noirceur de l’album précédent, je m’attendais à un regain d’énergie pour celui-ci. Perdu aussi. « Torn in two » renoue avec le cauchemar éveillé electro-ambiant et ses excursions noisy. Deru a entre-temps bossé pour la bande originale d’une série ; tu m’étonnes. Sa musique est hautement évocatrice. De choses irréelles, inquiétantes, extra-humaines, certes, mais évocatrice. D’ailleurs, c’est de plus en plus vers le côté abstrait que se dirige notre californien. Le drone est petit à petit en train de bouffer l’electro ambiant, comme si l’espace avait repris ses droits sur le lopin de terre qui nous sert d’habitation temporaire. Ou nous a servi. Car, comme une dystopie logique, l’homme a ici totalement disparu de l’équation. Les ambiances sont prépondérantes, toute notion de rythme ou de groove est à proscrire. Alors non, « Torn in two » ne sera pas le disque qui réconciliera les fans de la première période. Mais on y trouve quelques surprises (la fin neo-classique de « All the kings men », le fantôme de rythme bien dark sur « Pyre »), et surtout une maîtrise certes récente mais certaine du genre désabusé et magnifiquement triste dans lequel Deru a décidé de verser désormais. A écouter les yeux fermés !