Crows donne au style post punk une autre définition depuis quelques années. Exit les lignes de basse telluriques et froides, les ambiances corbac. Paradoxal pour un groupe qui porte ce nom. Mais c’est une évidence, on est plus punk que post ici, et c’est déjà ce que je disais pour les disques précédents. Bien sûr, quand la basse sobre et le chant sombre de « Reason enough » sont décochés, on pourrait s’y croire. Mais le refrain va chercher le souffle ailleurs ; ce n’est d’ailleurs pas forcément ce qui m’inspire le plus. Le single « Bored » suit à peu près le même chemin ; une rigueur post punk certaine et une ambiance plus pop, su un lit de guitares plus typiquement rock alternatif. Ça marche assez bien, d’autant plus que le titre est ramassé sur moins de trois minutes. Le reste est assez similaire à cette architecture et cet équilibre. Crows rejoint un Interpol ou un Editors, en partant d’une base commune certes, mais en créant son propre mélange de couleurs afin de développer un véritable son qui lui est propre. Au détour de certains titres, je trouve à ce disque quelques airs des Smiths également. Peut-être est-ce d’ailleurs ça qui me dérange, puisque je n’ai jamais été fan de Morrissey… Non, il y a autre chose. Les titres se succèdent, et on a tendance, généralement, à les trouver plutôt bien foutus, agréable, on y trouve à peu près son compte, mais… on a comme l’impression qu’ils n’ont pas fini de mûrir, qu’il s’agit de versions améliorées, mais pas finies. Pas vraiment étonnant puisque Crows a, en quelques années, enchaîné plusieurs albums sans vraiment prendre le temps de se reposer, et prendre assez de recul pour réfléchir à ce qu’il voulait vraiment faire. Le résultat, c’est donc un bon disque, avec de bonnes idées qui n’auraient été que meilleures encore développées quelques semaines. Dommage.
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