Colin Johnco, c’est la moitié des têtes de John Kôôl records, label electro qui m’envoie régulièrement des nouvelles de ses sorties… et que j’ai souvent le regret de mettre de côté, parce que trop ceci ou pas assez cela pour moi. Ou par snobisme ridicule parfois aussi, j’en conviens. Mais ce soir, un éclair d’intelligence, un élan de lucidité m’ont fait passer la porte de ce deuxième album solo du bonhomme. Et je n’en suis pas mécontent. Si la biographie nous annonce chichement que Colin Johnco cherche à «établir des ponts entre un Aphex Twin, Erik Satie et Art Blakey », et que, pour tout dire, je vois les ponts qui me sont présentés ici comme un peu plus courts et moins périlleux à emprunter, je suis tout de même agréablement surpris. Par une musique effectivement très ambiante, chargée de micromélodies, portées par des structures en mouvement perpétuel, volontiers progressive, tantôt rétro (impossible d’échapper aux influences eighties parcimonieuses) mais plutôt très moderne. On y apprécie autant les fluctuations chromatiques que les feutrées mais tenaces percussions. C’est beau, c’est doux, c’est abstrait et à la fois très robotique ; « However far away » m’évoque le Bola de « Gnayse », parfois un Boards Of Canada plus énervé, un Aphex Twin plus apaisé. En tout cas, il s’avère réellement trippant, dans toutes les acceptions du terme, et on prend plaisir à naviguer sur son océan électronique étendant le flux et le reflux de ses vagues sous une aurore boréale à couper le souffle. Superbe !
Colin Johnco : Illusion of a dancing goddess