Oula, attends, j’le vois venir, l’autre, là, avec ce nom à la mords-moi le nœud et cet artwork tout laid, il va encore nous sortir un disque conceptuel, du genre de ceux qui font des nœuds au cerveau ! Mmm.. touché. Du coup, je ne sais pas si je dois vous avouer de suite que « Séquence collective » (oui, ce titre aussi est un peu pompeux) est un disque de musique électronique… sans instruments électroniques ? Non, ne fuyez pas, une telle aventure a bien sûr de quoi surprendre, mais les cinq musiciens derrière tout ça (deux contrebasses, une batterie, un piano, une guitare) font tout pour ne pas passer pour des rabat-joie. Il faut dire que les gars, qui se sont rencontrés au conservatoire (ben tiens), n’en sont pas à leur coup d’essai, puisque « Séquence collective » est leur troisième album en cinq ans d’existence. Inspirés, les gars. Par leurs premiers émois électroniques aussi, semble-t-il. Car ce disque sonne comme un bon vieux skeud techno nineties, quand le genre se cherchait un futur dans l’expérimentation et flirtait avec la jazzosphère. Oh oui, l’empreinte du jazz est bien là, dans la moindre note. Mais un jazz tribal, viscéral, joué à l’instinct, en transe, guidé par le rythme de son propre corps et la connexion au Grand Tout. La profondeur des sonorités, le pizzicato, les effets de production (Pierre Favrez, l’ingénieur du son, est considéré comme un membre du collectif) font que l’album bascule souvent dans une étrangeté bienvenue pour qui aime les disques à ambiances (ce qui est mon cas), et finit par ressembler à une orgie fantastico-surréaliste. Et ça fonctionne souvent très bien : l’auditeur déboussolé et chancelant, finit par perdre l’équilibre et se laisser porter par les ondes, le cerveau assailli de visions rétrofuturistes. Alors prise de tête Cabaret Contemporain ? Non, pas vraiment. Ce disque n’est pas de ceux qu’on analyse, il est de ceux dont se nourrit l’imaginaire pour l’interpréter en images psychédéliques. Et on imagine la puissance de l’expérience en live…