
Peut-on, comme certains, qualifier les polonais de Blaze Of Perdition de groupe de black metal, ou de relève de Behemoth ? Je ne pense pas. Qu’ils en soient des émules, oui, probablement. Le groupe de Nergal a été un phare dans la nuit pour bon nombre de formations, dans leur patrie comme ailleurs, prouvant qu’on pouvait allier vision artistique et intégrité, noirceur et ouverture. Alors oui, le combo a encore de grosses connotations black metal, mais s’éloigne bien ici de son matériau de base pour lui apporter de multiples respirations, que celles-ci soient ambiant, gothiques, thrash ou moins aisément définissables (ce qui est souvent le cas, et c’est tant mieux). Si le groupe est encore considéré comme underground, je dois dire que ce cinquième album a selon moi assez de qualités pour l’extirper de là. Puissant, virulent mais plus qu’audible, il ne se départit jamais de son aura maléfique mais l’enrobe (le mot est peut-être mal choisi) de mélodie, rendant l’ensemble très digeste et amenant plus de force encore à l’agressivité. Il faut dire aussi que les influences du groupe vont au-delà du metal noir, et il le (re)prouve en fin de parcours en intégrant la reprise de « Moonchild » de Fields O The Nephilim, déjà parue sur un ep, et en émaillant ses titres de passages plus lancinants au sein desquels une voix claire vient percer les nuages sombres. Aujourd’hui signé chez Metal Blade, il n’y a vraiment aucune raison pour que cette formation ne perce pas auprès d’un plus grand public, ce qui serait amplement mérité au vu du travail mené pour aboutir à un « The harrowing of hearts » vraiment réussi.