
A plusieurs reprises, le fantôme d’un Gainsbourg est évoqué dans la biographie de Bigger, formation française comptant en ses rangs un irlandais féru de songwriting. Bien sûr, il y a de ça, mais ce serait dommage de réduire le spectre à ça. Il y a quelque chose de très anglais à l’oeuvre ici. Vous me direz, puisque le pote Serge lorgnait lui-même de ce côté-là plus souvent qu’à son tour, il n’y a rien d’étonnant. Peut-être. Mais la conception d’une pop song parfaite ne se résume pas à une habile copie. Car oui, c’est bien de pop songs parfaites qu’il est question ici. J’avoue que je n’attendais pas grand-chose d’un groupe appelé Bigger ; aujourd’hui encore, ce nom m’insupporte. Alors j’ai lancé, sans trop y croire, leur deuxième single « Even with lies », et là, je suis un peu tombé de ma chaise. Oh, j’ai bien essayé de relativiser, de me dire qu’il s’agissait d’un one-shot, d’un coup de bol. Allez, c’est parti pour le premier single « Les myosotis ». Merde, il est encore meilleur ! Et maintenant que j’écoute le reste, je me rends bien compte que tout ça n’est pas arrivé par hasard ; le groupe est foutrement doué. Influences sixties, seventies, post punk, indie pop, rock, un peu de tout est passé à la moulinette pour que ça passe mieux dans les conduits. Pour moi il n’y a que l’un peu trop inoffensive « The game » (un comble pour un ludiste convaincu !) qui ne passe pas. Le reste, y compris la semi-balade finale « Brother », est de haute volée. Il faut dire que tout le monde se livre ici ; du duo de départ, mais aussi des 3 membres qui se sont plus tard ajoutés, tous chantent. En plus de ça, on croise pas mal d’instruments différents en plus des habituelles guitares, basses, batteries et percus : violons, clavecin, claviers divers, cuivres, et pas mal de sonorités exotiques. Tout ça concourt à faire de ce premier opus un moment unique et varié, dont on ne se lassera pas de sitôt.