Je suis un peu une crevure quand même. Non, si je vous dis ça, c’est parce que je me suis bien rendu compte avec ce disque au demeurant plutôt intéressant et riche que si je n’avais pas été aussi bien luné ce soir (parce que oui, ça m’arrive), j’aurais lâché l’affaire dès le premier titre. Premièrement, parce que c’est vrai que je suis un poil allergique à la langue française, musicalement parlant. Et puis quand même, « Sous la peau » n’est foncièrement pas le titre le plus sexy et/ou touchant de Benoît Charron ; sorte de semi-ballade acoustique bricolée, elle me fait penser à du Brigitte… Et j’aime pas Brigitte, au grand désespoir de ma femme. Voici donc un sacré faux-départ pour moi ; je pense que le titre aurait eu plus sa place en toute fin de parcours, pour finir sur une note intimiste.Et puis « Do what you want » débarque : le folk y rencontre une forme de blues-pop, et tout s’y passe bien. C’est sûr, on y décèle une pointe d’accent maladroit, mais allez, c’est pardonné. La très jolie « Gardener » lui fait suite, toute en mélancolie et en douceur. « Oroboro » ne se mord pas la queue non plus, même s’il s’affirme beaucoup plus élastique et retors, et donc moins immédiat, préférant se la jouer pop baroque à la mélodie fuyante. « Brand new time » tourne plus à la pop folk : ok, la différence est subtile (et les cuivres de fin de parcours brouillent encore plus la vue), mais elle est là. « Astray » introduit une pointe de folie là-dedans, et ça fait du bien. « Leaves » repart vers le folk pastoral. Et « Rodin » vient fermer la marche en réitérant un essai poétique francophone assez dépouillé musicalement : et non, définitivement, ça ne passe pas. Bref, « Some seeds » fait éclore en moi des sentiments partagés, mais c’est une certaine forme d’enthousiasme pour les belles pousses qui prend le dessus. Bien sûr, si Benoît abandonnait sa langue natale et améliorait sa diction anglaise, tout serait parfait ! Mais c’est déjà une belle performance !