
Je suis tombé sous le charme d’Amanda Shires il y a quelques temps. La dame a beaucoup de choses pour elle : magnifique, du goût pour les mecs (elle a quand même été longtemps avec l’excellent Jason Isbell), et du talent pour la musique (bah oui, c’est pas négligeable par ici). Ce disque au nom entre provocation et amertume vient nous parler à mots feutrés de sa séparation très récente, de la façon dont elle l’a vécu, de la façon dont son entourage l’a vécu, de la façon qu’elle a d’envisager le futur. Tout ça avec la même vibe que les disques précédents, ou presque. Parce que oui, les chansons de « Nobody’s girl » ont quelque chose de plus fort en émotion, de plus sensible, teintées de mélancolie et de regains de fierté, de force. C’est en ça qu’il est vraiment intéressant : ce n’est pas le « break-up record » auquel on pouvait s’attendre, mais aussi un disque de lutte, de reprise du pouvoir sur sa vie. Amanda Shires, on le sait déjà ne serait-ce qu’au travers de ses chansons (je prends pour exemple la terrible « Hawk for the dove »), n’est pas du genre demoiselle en détresse qui attend un plombier moustachu pour la sauver. Au départ, l’artiste avait d’ailleurs décidé de mettre de côté tout ce qui concernait les moments sombres, de dépression et tristesse. Et puis son entourage lui a fait réaliser que le fait d’occulter cette partie de sa vie n’allait ni l’aider ni aider son auditoire. Effectivement ; à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. Et c’est bien de ça qu’il est question ici ; une victoire sur la vie. Peu importe l’épreuve, Amanda Shires nous montre ici que s’il est normal d’accuser le coup et de courber l’échine, savoir se relever et en apprendre est la plus belle chose qui peut nous arriver, et que c’est la garantie de savoir encore mieux accueillir le bonheur dans sa vie quand il se présente. Cette mécanique, c’est aussi ce qui explique les différentes ambiances des titres de l’album. Un peu comme les différentes étapes du deuil, elles se déclinent selon l’état d’« avancement » de la dame. Alors forcément, on accrochera pas à tout de la même façon ; c’est un peu le point noir du disque. Mais où qu’on soit de sa vie soi-même, on trouvera une chanson qui fera écho en nous. Pour moi « The details », « Lose it for a while », « Piece of mind », « Can’t hold your breath » sont d’excellents titres, que je retrouverai avec plaisir, et « Nobody’s girl » est un instantané honnête et sensible.






